Louis Aragon, la Bastille et moi


Chers lecteurs, 

cette semaine, j’ai atteint le point de non-retour. Trois fois. 

D’abord, j’avais décidé d’intervertir lundi et mardi (vous le savez, j’ai des joies simples - et de sérieux problèmes psychologiques). Donc mon jour férié, c’était lundi. Je travaille chez moi, la plupart du temps donc ça ne gênait personne vu que mon chef faisait le pont (le patronat !). Et puis, comme ça, il y avait moins de monde à la machine à café. Bref, c’est donc mardi que les ennuis ont commencé, quand j’ai écrit « nonobstant » dans l’un de mes travaux et que ça m’a rendu anormalement joyeuse (après avoir relu cinq fois la phrase, histoire d’être certaine de l’avoir utilisé et orthographié correctement). Je vous jure, je me suis sentie investie d’une puissance infinie, genre le peuple de Paris prenant la Bastille (la prison hein, pas le métro). 

Pour fêter ça, je suis offert une demi tablette de chocolat. J’ai une carence en magnésium. 

Mercredi, j’ai du écrire « quand bien même » et j’ai ajouté, comme hypnotisée, « elle pleure des rivières » (en vrai, j’ai écrit « elle pleure des riv » et je me suis arrêtée là, m’apercevant de la bévue). Ce genre de truc m’arrive très souvent. J’aime me dire que c’est de l’écriture automatique quand bien même je sais que cela n’en est pas, ainsi je me sens un peu surréaliste. J’ai comme l’impression de faire partie de la bande, vous voyez. Breton, Aragon, tout ça. En fait, je crois plutôt que je me laisse dépasser par mes références. C’est pour ça que mon roman ma nouvelle mes quelques lignes n’avancent pas très vite. J’aimerais caser dedans tous les trucs que j’aime bien et croyez-moi, ça fait beaucoup de monde, j’ai la misanthropie très sélective. Et justement, j’ai pensé à ça quand j’ai écrit « franchement laide ». Je me suis demandé si Aragon avait le monopole des filles franchement laides ou si on pouvait lui en piquer une, de temps en temps. Je suis attentionnée, je ne voudrais surtout pas que mon futur éditeur se ruine en droit de citation. Et puis, dans le cas où je publierais à compte d’auteur… Ne riez pas, pensez à Marcel.

Pour me rassurer après toutes ces interrogations, je me suis offert l’autre moitié de la tablette de chocolat. J’avais une carence en magnésium.

Jeudi, c’est là que tout a basculé et que j’ai failli me présenter de mon plein gré à l’accueil de l’hôpital psychiatrique le plus proche. Je sors de la réunion en volant une bouteille d’eau (il y avait plus de bouteilles d’eau que de participants, sachant que les absents ont toujours tort, je me suis permise), je m’installe sur le siège et je tends le bras gauche en arrière pour attraper la ceinture de sécurité. Et je tends le bras gauche en arrière pour attraper la ceinture de sécurité. Et je tends le bras… Vous avez le compris le principe ? Moi, pas. Il m’a fallu un certain temps (bien trop long, si vous voulez mon avis) pour m’apercevoir que je ne trouvais pas cette p*tain de ceinture de sécurité parce que j’étais dans le métro (et même pas à Bastille).

N’ayant plus de chocolat pour m’aider à faire face à cette situation préoccupante, je me suis vengée sur (un film de) Christophe Honoré. J’avais une carence.

La semaine prochaine, en direct live de l’hôpital Sainte Anne donc, nous parlerons du ridicule de la cigarette électronique. J’attaque les grands sujets de société pour élargir mon lectorat (je suis vendue, mais bon, je vous avais déjà dit que je n’étais Kevin Costner). 

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