La Liste de mes envies ou Grégoire, nous avons un problème, dans la catégorie Mon avis vous intéresse #6


Vous savez déjà que je suis une fille hautement influençable. Jusqu'à présent, je le vivais plutôt bien, me disant que ça s'arrangerait avec l'âge. Un jour, je serai adulte, donc je penserai par moi-même. Je devrais peut-être commencer à me poser des questions puisque j'ai vingt-cinq ans et que je ...

Revenons à nos moutons. Expression judicieusement choisie, c'est pas pour me jeter des fleurs mais je voulais vous faire remarquer que rien n'est laissé au hasard, puisque c'est bien de Panurge et de ses amis herbivores que je vais vous parler (ou presque). 

Un jour, quelqu'un a dit La Liste de mes envies, c'est bien (cette personne est actuellement en cavale au fin fond du Texas). Et la France l'a lu - d'où les moutons, si vous me suivez toujours. Il y a ceux qui ont aimé et ceux qui se taisent parce qu'ils ont une trouille bleue que la première catégorie ne leur tranchent la gorge dans leur sommeil avec un billet de loto gagnant. 

J'ai un petit côté mouton moi aussi, mais je l'enrobe avec ce concept sympa : faut pouvoir dire du mal en toute connaissance de cause. Donc, mettant de côté mes a priori négatifs, j'ai lu La Liste de mes envies. J'avais adopté la positive attitude, j'étais prête à adorer. 

J'aurais pardonné la niaiserie de "Jocelyne & Jocelyn" même si mon simple esprit les a souvent associé à "Dupont & Dupond". Étrangement, savoir que c'était une nécessité narrative n'a pas vraiment suscité mon indulgence.

Je n'aurais pas relevé les yeux bleus de la gamine qui deviennent des "yeux de ciel" dans la bouche de sa mère (maintenant, j'ai un doute sur l'exactitude de la citation puisque justement je ne l'ai pas relevée). Mais j'ai cogité longuement pour savoir s'il s'agissait d'une métaphore ou d'une métonymie. C'est peut-être pas si idiot que ça, finalement. 

J'aurais fermé les yeux sur l'épisode du sandwich, qui m'a quand même traumatisée, je dois l'avouer. Ce qui m'a pratiquement fait tomber en syncope, ce n'est pas la très jolie image du sandwich que mon mari m'a préparé est meilleur que celui qui est vendu huit euros à la gare (quatre euros soixante, il me coûte, moi, mais bon) parce qu'il y a un ingrédient supplémentaire : l'amour (et les morceaux de bisounours égorgés). Non, ce que je n'ai pas supporté c'est le coup du sandwich au thon. Reste-t-il, en France, en 2012, des gens qui mangent toujours des sandwich au thon ou est-ce un anachronisme souhaité par l'auteur ? De plus, je vous laisse imaginer, grâce à cette citation bien choisie, l'allure du sandwich sus-cité : "Deux tartines, du thon et un oeuf dur" (page 76). Je rappelle à toutes fins utiles que le thon et l'oeuf sont deux sources de protéines, donc c'est redondant. En outre, pour ne pas choper le cancer, il est raisonnable de manger cinq fruits et légumes par jour. C'est un peu galère il faut l'avouer (mais le jeu en vaut la chandelle) donc je conseille de commencer dès le déjeuner pour ne pas avoir à ingurgiter épinards, brocolis, salsifis, pamplemousses et papayes au dîner. Astuce, Jocelyne !

J'aurais pu apprécier l'une des nombreuses scènes explicatives de l'adage bien connu : l'argent ne fait pas le bonheur. La scène se passe dans un magasin de luxe où notre pauvre Jocelyne semble avoir échoué et à la sortie duquel elle croise une femme quoique riche, mal aimable, coupée du monde (grâce aux vitres teintées de son véhicule, subtil hein ?) et donc pétrie de solitude. Le paragraphe s'ouvre sur cette phrase : "Soudain, une actrice dont je ne me rappelle jamais le nom sort de la boutique" (page 74). Pourquoi préciser qu'il s'agit d'une personne connue si c'est pour taire son nom ! Balance, Grégoire, sois un peu méchant ! En vrai, j'ai bien compris que c'était pour illustrer l'écart entre notre Jocelyne et Isabelle Adjiani. En revanche, j'ai bien aimé l'exclamation qui clôt la scène : "Quel cinéma !"(page 74, toujours) Décidément, tout est bien ficelé dans cette histoire. 

Vous remarquerez que mes paragraphes à moi, commencent tous par un verbe (le même, pour les besoins de l'anaphore) au conditionnel. C'est pour illustrer ma bonne volonté du début. 

Grégoire, comme tu le vois j'aurais tout pardonné. Je me serais assise sur tous mes principes, j'aurais renié Gustave Flaubert, Marcel Proust et Amélie Nothomb. Si seulement tu n'avais pas spoilé* Belle du Seigneur ...


* Mille pardons pour cet affreux anglicisme, c'était pour les besoins narratifs. L'unique mot anglais, là où le français en aurait nécessité au moins douze, retranscrit mieux la violence de mon sentiment. 

2 commentaires:

  1. T'inquiète, il ne l'a pas spoilé. Je viens enfin de finir Belle du Seigneur et, à ma surprise, la fin ne correspond pas à ce que prétend Grégoire...

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  2. J'en suis bien contente mais du coup, ça casse tout mon argumentaire !

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